Anne-Hélène Dubray

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Anne-Hélène Dubray est originaire de la Sarthe et diplômée en Histoire de l’art et des Beaux-Arts de Tours. Elle devient graphiste à Paris dans l’édition jeunesse, avant d’enseigner les arts visuels et de poursuivre des études en littérature. Elle est autrice et illustratrice de plusieurs ouvrages jeunesse publiés chez L’Agrume, Les Farceurs (mention Opera prima à Bologne en 2017), La Montagne (2017), L’Alphabet cocasse et illustré (Prix ADAGP 2019) et Une folle journée (2020). Elle travaille également pour la presse, La Revue dessinée, Causette, XXI, le Journal du CNRS, Les Échos week-end, le Pèlerin magazine. Elle réalise les livrets d’exposition du Mo.co (Montpellier contemporain) ou encore du Musée du quai Branly. Elle a travaillé dernièrement pour une campagne de communication d’Hermès horlogerie.

Anne-Hélène Dubray comes from the West of France. She studied Arts History, Fine Arts, and then litterature. She has worked as a graphic designer in publishing and is the author and illustrator of children books such as Les Farceurs (Opera prima in Bologna 2017), La Montagne, L’Alphabet cocasse et illustré and Une folle journée (L’Agrume). She also works for press, La Revue dessinée, Causette, XXI, le Journal du CNRS, Les Échos week-end, le Pèlerin magazine. She produces the exhibition booklets for the Mo.co and the Musée du quai Branly. She recently worked for a communication campaign for Hermès Horlogerie.

 

Anne-Hélène tu as étudié l’histoire de l’art, la littérature, tu es aussi sortie diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Tours. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te consacrer à l’illustration ?
Disons que ça s’est fait en plusieurs étapes ! J’ai commencé en tant que graphiste aux éditions Mango dans la partie jeunesse ; j’étais maquettiste et je travaillais déjà au contact de nombreux illustrateurs. Ça me plaisait beaucoup de voir leur travail, surtout qu’à l’époque il y avait beaucoup de passages et de circulation d’images.
Mais mon intérêt pour l’illustration était déjà bien présent depuis le début de mes études, en sortant des beaux-arts j’avais un profil plus tourné vers les arts plastiques que vers le graphisme. C’est mon affection pour les livres et mon envie de devenir éditrice qui m’a motivée à faire ce métier et qui plus tard m’a aussi poussé à reprendre des études de littérature et à valider un Master 2 tout en travaillant à temps plein. Quatre ans plus tard, l’idée de redevenir stagiaire à 32 ans a un peu essoufflé cette envie et le désir de reprendre la pratique artistique s’est manifestée. J’ai donc suivi un cours d’illustration via la ville de Paris qui m’a amenée vers la gravure puis des cours du soir à l’école de Duperré grâce auxquels j’ai pu réaliser mon premier album illustré à la pointe sèche, Daphné. Depuis, les choses se sont enchainées assez rapidement et naturellement !

Au début, quels illustrateurs t’ont inspiré ?
Quand j’ai débuté, il y a un auteur qui m’a vraiment bottée, c’est Blexbolex. J’aime beaucoup son travail graphique et je trouve que c’est un génie de la narration.
Son œuvre me passionne parce qu’il parvient à créer des dispositifs de narration que je trouve subtiles et qui m’intéressent vraiment. De mon côté j’ai encore beaucoup de mal à raconter une histoire mais c’est quelque chose auquel j’aspire même si je ne m’y suis pas encore vraiment attelée.
Le fait d’allier un style graphique extrêmement élégant à une grande finesse narrative, comprenant un côté ludique, a été une orientation que j’ai voulu prendre et notamment lorsque j’enseignais. J’ai justement fait travailler mes élèves sur sa petite histoire, La longue vue, dans laquelle le dispositif narratif se fait entièrement à travers les images.

Justement, tu as dispensé des cours d’arts visuels, qu’as-tu retenu de cette expérience d’enseignement ?
J’enseignais à des petits entre six et onze ans à travers un dispositif propre à la ville de Paris. C’est assez génial comme mise en place parce que ça permet aux élèves des écoles élémentaires d’avoir des profs spécialisés en musique, sport et arts plastiques et je pense que c’est un âge où on peut vraiment aller loin dans la perception de l’apprentissage. Avec les plus petits on commence souvent par des choses plus sensoriels, des compositions de dessin et d’expression et plus on avance, plus on décortique ce qu’est une image. On peut aussi faire de l’histoire de l’art à tous les âges, c’est assez extraordinaire parce que les enfants ont plein de choses à repérer, à dire et à apprendre. C’était vraiment intéressant parce que ça m’a permis de revoir les fondamentaux ; quand on suit l’enseignement des beaux-arts on ne va pas forcément toujours chercher la base de ce qu’est une composition ou une image. Devoir expliquer ce socle à des enfants et être dans un dialogue avec eux, oblige à retrouver des définitions simples pour les amener à découvrir tout cet univers. En tant qu’adulte, on est tellement construit avec certains a priori et certaines constructions intellectuelles sophistiquées qu’on ne sait plus dépouiller d’artifices nos connaissances et retrouver l’essentiel, l’essence même d’une définition. Là-dessus, je pense que ça a été vraiment passionnant parce qu’au final je n’avais jamais vraiment fait ça auparavant, y compris dans mes études.

Aujourd’hui, comment décrirais-tu ton style d’illustration ?
Personnellement, je n’ai pas vraiment eu d’enseignements techniques en école d’illustration, je commence tout juste à faire de la gouache ! J’ai commencé avec deux directions et j’ai préféré partir sur des bases liées à la gravure, sous ses différentes formes, et sur le dessin que j’ai toujours pratiqué.
J’ai aussi été graphiste pendant pas mal d’années donc je dirais qu’il y a dans ce que je fais une recherche de stylisation. J’aime chercher la courbe et l’harmonie, ce qui m’oriente par moment vers un travail décoratif que j’aimerais bien développer à l’avenir. Ça tombe plutôt bien parce que j’ai déjà eu l’occasion de travailler sur du motif de papier peint.
D’un autre côté, on trouve aussi dans mon travail quelque chose de beaucoup plus lié au narratif avec de la ligne claire, qui s’est un peu initié dans mon livre La Montagne, composé majoritairement de grandes images.
Dans les deux cas, il y a l’idée de quelque chose de très en mouvement et même d’un peu foisonnant et dynamique qui se place entre le décoratif et le narratif.

On voit tes dessins dans l’édition mais aussi dans la presse et la communication. Y a-t-il un projet qui t’a particulièrement marqué ?
Alors il y en a un et c’est Grand Hôtel 002 ! Je venais tout juste de rentrer à l’agence et c’était un travail autour d’une grande image à la fois narrative, remplie de références et avec une gamme de couleurs qui n’était pas la mienne. Il y avait dans ce projet, une quantité de contraintes hyper stimulantes et ça m’a beaucoup plu.
Parmi mes gros challenges il y a aussi eu mon dernier projet éditorial, le jeu de carte Myriorima publié chez L’Agrume. c’était un gros travail de conception, avec une mise en place narrative complexe puisqu’il s’agit d’un jeu de cartes qui développe et mélange des micro-narrations à juxtaposer, intervertir. Un vrai jeu de probabilités ! Et cet objet regroupe bien toutes mes préoccupations d’illustratrice et d’autrice : une narration ludique, qui incite le lecteur à l’observation et à la créativité, doublée d’un objet soigné dans tous ses détails.

Comment procèdes-tu quand tu réponds à une commande ?
Je pense que je fais un peu comme tout le monde ! Déjà je trouve ça super excitant de recevoir une commande parce qu’il y a toujours, quel que soit le sujet, un défi à réaliser et ça me plait de travailler avec la contrainte et de décortiquer les briefs. Personnellement avant de passer à l’image j’ai une étape d’écrit ou je note des mots clés et où je réfléchis aux idées, c’est aussi dans ce moment-là que je cherche des références. Après, je fais généralement des roughs timbre-poste et plus ça va, plus je les agrandis. Pour résumer, je fonctionne vraiment par toutes petites étapes : écrit, roughs format timbre-poste puis agrandissement et échanges avec le client.

Un projet que tu rêverais de réaliser ?
J’avais un projet plus ou moins éditorial mais je me suis rendu compte que quelqu’un avait déjà fait quasiment la même chose ! L’idée c’était de réaliser un grand ensemble autour de la ville avec une narration policière, un peu comme une enquête. Ça aurait été un grand dessin dans lequel on aurait pu extraire douze doubles pages. De manière générale, j’aimerais bien avoir un peu plus de temps de recherche quand je travaille sur des projets personnels et en profiter pour explorer des formes qui soient un peu inédites comme sortir de la page par exemple.

Propos recueillis par Hélène De Montalembert en mars 2021