Jason est un illustrateur indépendant basé à Brooklyn. Né à Séoul, en Corée du Sud, il arrive aux États-Unis à l’âge de 3 ans. Après avoir été élevé dans les forêts du nord de l’État de New York, il étudie les beaux-arts pendant 2 ans à SUNY Albany, 1 an à l’étranger à l’Université Yonsei à Séoul en Corée du Sud, puis 4 ans d’illustration au Fashion Institute of Technology (FIT) à New York. Il commence une grande aventure en 2008 et déménage à Pékin juste avant les Jeux olympiques, sans savoir quand ni s’il serait de retour. Cela tournera en aventure de 6 ans où il vit à Pékin, Tokyo, Séoul, Barcelone, Londres et Paris (dans le 13ème arrondissement), tout en travaillant en freelance avec des clients du monde entier. Vous pouvez le trouver,aujourd’hui, faisant du jogging avec son husky de sauvetage dans Park Slope Brooklyn, en train de brasser de la bière, de s’occuper de son potager sur son toit, de prendre des photos, de cuisiner et bien sûr de dessiner. Il souhaiterait secrètement pouvoir échanger ses talents de dessinateur contre ceux d’un pianistes de Jazz, ou pouvoir chanter comme Al Green.
Jason is a freelance illustrator based in Brooklyn. He was born in Seoul, South Korea and went to the U.S. at the age of 3. After being raised in the forests of upstate New York he studied fine arts for 2 years at SUNY Albany, 1 year abroad at Yonsei University in Seoul South Korea, and then 4 years of illustration at the Fashion Institute of Technology (F.I.T.) in NYC. He started a big adventure in 2008 and moved to Beijing just before the Olympics, not knowing when or if he’d be back. It turned into a 6 year adventure living in Beijing, Tokyo, Seoul, Barcelona, London, and Paris (in the 13eme arrondissement), all while freelancing with old and new clients from around the world. Now you can find him in Park Slope Brooklyn jogging around the park with his rescue husky, brewing beer, tending to his rooftop vegetable garden, taking photos, cooking, and of course, drawing. I secretly wish I could exchange my drawing talent for Jazz piano talent, or to be able to wail like Al Green.
Comment as-tu commencé l’illustration et qu’est-ce qui t’a donné envie d’en faire ton métier ?
J’aimais dessiner quand j’étais enfant et j’ai redécouvert cette discipline lors de ma dernière année de lycée. J’ai fini par étudier pendant 4 ans au Fashion Institute of Technology (où j’enseigne actuellement) et j’ai obtenu ma première commande un mois avant d’être diplômé.
J’adorais dessiner des personnages drôles et des décors pour les dessins animés et les bandes dessinées de Ren et Stimpy. A l’époque, je ne savais pas ce qu’était l’illustration et l’art commercial. Ce n’est que quelques années plus tard en école d’illustration que j’ai découvert ce domaine.
Ton style réaliste et ton utilisation de la texture donne de la profondeur aux détails. Qu’est-ce que cette technique te permet de réaliser ?
Je peux imiter différents matériaux comme le métal ou différents types de tissus, tout en essayant de garder l’effet illustré. Je peux combiner la texture et un rendu plus plat/graphique.
Tu es né en Corée, tu as vécu aux États-Unis et voyagé dans de nombreux pays comme le Japon, la France et l’Angleterre. Penses-tu que ces différentes cultures ont influencé ton style d’illustration et les thèmes que tu aimes travailler ?
Je pense que les illustrateurs et les artistes sont le résultat de ce qu’ils ont vu, entendu, goûté et expérimenté.
Tous les pays dans lesquels j’ai vécu et ceux que j’ai visités m’ont sans aucun doute influencé et ont enrichi mon vocabulaire visuel et mon sens de l’esthétique. J’ai vécu un an à Paris dans une maison en meulière dans le XIIIème arrondissement près de la Butte Aux Cailles.
Les choses que j’aime à Paris et qui me viennent à l’esprit, c’est la mode, les murs couverts de lierre, le Canal Saint Martin, la pétanque, ce modèle de vie qui tient à ce que chacun vive à proximité d’un beau marché regorgeant deux fois par semaine de fromages, de fleurs, de pommes de terre et de champignons… Paris est une fête visuelle.
En gros, il faut sortir, vivre des expériences de toutes sortes de façons. C’est comme ça que l’on devient un artiste à part entière.
Tu accordes beaucoup d’attention à l’apparence de tes personnages, par exemple leurs vêtements et leurs tatouages. Aimerais-tu approfondir cette voie et travailler pour la haute couture ?
J’aimerais que mon art soit exposé de manière à montrer le temps consacré à mon travail et le détail que j’y apporte, car c’est vraiment chronophage. Un de mes rêves serait d’illustrer des projets de mode du luxe. Je ne veux pas que mon travail soit trop réaliste au point d’être confondu avec la photographie. Je m’interroge toujours sur ce que j’apporte en tant qu’illustrateur, à l’inverse d’un photographe.
Qu’est-ce qui t’inspire and qu’aimes-tu dessiner en ce moment ?
J’aime l’illustration et la mode des années 50 et 60 mais aussi l’illustration et la mode actuelles. J’en suis venu assez naturellement à combiner vintage et moderne pour créer mon propre style. Je suis toujours inspiré par la mode et les palettes de couleurs. J’ai à coeur d’intégrer la diversité à mon art parce que j’ai grandi dans l’ouest rural de l’État de New York dans les années 80 et 90, où tout autour de moi était blanc. C’était un monde monotone.
Quelle prochaine étape aimerais-tu accomplir dans ton travail d’illustration ?
J’ai toujours été inspiré par les artistes qui véhiculent un message au travers de leur art. J’ai cherché toute ma vie le message que je voulais faire passer et ce que j’allais bien pouvoir dire. J’ai réalisé que, tout ce temps, j’avais quelque chose à dire à propos de l’identité, du fait d’être asiatique en Amérique et d’être adopté. Ces nombreux éléments ont construit mon identité artistique et je suppose que cela relève d’un travail personnel. Pour ce qui est de mon travail d’illustration, j’ai envie de me tourner vers la mode, élégante et raffinée.
Propos recueillis par Hélène De Montalembert en juin 2021
