Laurène Boglio est une illustratrice et directrice artistique française installée à New York. Formée à Paris puis Strasbourg, elle s’est forgé une identité graphique personnelle, subtilement infusée d’humour, dont ses GIF animés sont particulièrement révélateurs. Passionnée par les portraits, les paysages et la typographie, Laurène Boglio explore un vaste panel de techniques créatives, sans jamais se départir de son esthétique propre.
Son travail paraît sur tous types de médias, et ses clients vont du magazine de cinéma Little White Lies au Guardian, en passant par Taylor Swift.
_
Laurène Boglio is a French art director & illustrator who lives and works in Brooklyn, New York.
Most recently, she led the creative helm of celebrated illustrated film magazine Little White Lies, and she has worked independently across a diverse range of media, for an eclectic mix of clients—from the Guardian to Taylor Swift.
Studying in Paris and Strasbourg, Boglio has expertly tuned a unique and distinctive artistic style to incorporate her own smart (yet playful) humor. This trait resonates throughout her breadth of work and is most prominent when brought to life by her fun-infused GIF animations.
With a passion for illustrating people, landscapes, and typography, she utilizes a range of techniques, always producing art with her truly original and compelling aesthetic.
Through her work, Boglio strives not only to create the finest visuals and storytelling but also to challenge her viewers’ perspectives.
Comment as-tu débuté l’illustration et qu’est-ce qui t’a donné envie d’en faire ton métier ?
J’ai commencé par étudier le graphisme aux Arts décoratifs de Strasbourg, puis j’ai continué avec un BTS à Paris. J’ai toujours dessiné à côté de mes études et très rapidement j’ai été intéressée de mêler ces deux savoir-faire. J’aime l’idée d’associer le graphisme à l’illustration, ce sont deux disciplines qui à mon sens se nourrissent mutuellement, même si pour certains projets c’est plus facile que pour d’autres !
Tu déploies tes talents dans de nombreux domaines : l’illustration, la typographie mais aussi les gifs et l’animation. Pourquoi diversifier autant tes méthodes ?
C’est peut-être pour ne pas s’ennuyer ! Je trouve qu’il n’y a rien de plus angoissant que de se dire qu’on a qu’un seul style et de le répéter en permanence. C’est quelque chose qui ne m’intéresse pas particulièrement et je trouve ça, au contraire, très agréable de pouvoir se donner la liberté d’essayer de nouvelles choses. Ce n’est pas forcément toujours génial du premier coup, mais justement, c’est aussi une bonne manière d’apporter de la fraîcheur dans des domaines où les gens font souvent la même chose.
Quels sont tes outils de prédilection lorsque tu travailles ?
Je trouve que le papier et le digital sont tout aussi importants l’un que l’autre, c’est toujours bien de faire un peu des deux. Avant je scannais beaucoup mes dessins mais maintenant je le fais moins. J’aime pour mes productions personnelles utiliser principalement du papier, parce que j’ai plus de temps et que je peux me permettre de faire des erreurs sans stresser de respecter une deadline de rendu. Mes projets digitaux au contraire, me permettent une plus grande rapidité et sont pour la plupart reliés à mon activité professionnelle. C’est tout aussi bien et j’aime beaucoup les deux.
Tu t’es créée une spécialité à travers les gifs animés, qu’est-ce qui t’attire dans ce format ?
Alors, c’est une longue explication ! Au début je travaillais dans une agence de publicité pour laquelle je réalisais des gifs de bannières commerciales. C’est en découvrant ces techniques et autres astuces d’animation que j’ai commencé à faire mes propres gifs le soir chez moi pour envoyer à mes copains et les faire marrer.
Au fur et à mesure j’ai constitué une banque d’images qui, en dehors de mon contrôle, a eu du succès sur les réseaux sociaux. Très vite les gens l’ont utilisée et se la sont appropriée pour faire leurs propres blagues et j’ai trouvé ça génial.
Je pense que mon envie première derrière tout ça c’était de trouver un outil digital qui puisse me permettre de communiquer et de faire rire mes amis et plus largement les gens, même à distance.
Après avoir finis tes études en France tu es partie vivre en Angleterre et maintenant aux États-Unis. Est-ce que découvrir de nouvelles cultures a inspiré et influencé tes productions ?
Ce qui me fascine c’est de voir des cultures de l’extérieur. Je ne pense pas qu’on puisse comprendre ou vraiment connaître un pays tant qu’on n’en est pas parti. C’est très intéressant de découvrir un lieu, d’y vivre, de le quitter puis de le voir de l’extérieur. Je réalise aussi que le fait d’avoir vécu à différents endroits et d’avoir pris le temps de m’inclure dans ces cultures m’a permis de les dessiner plus en profondeur et de diversifier mes paysages et mes sujets. Je pense qu’il n’y a rien qui puisse remplacer ça !
Depuis maintenant 4 ans tu es devenue la directrice artistique de Little White Lies un magazine britannique dédié au cinéma. D’après toi, qu’est-ce que cette expérience a pu ajouter à ton travail créatif ?
Pour moi Little White Lies c’est la parfaite communion entre dessin, illustration et graphisme. Je ne pensais pas que ça pouvait exister ! Quand j’y suis entrée, la structure existait déjà et des supers DA et illustrateurs y travaillaient, j’ai eu de la chance qu’ils m’acceptent dans leur équipe. Ce qui est génial dans ce projet c’est que je suis libre de faire tous les choix graphiques. En tant qu’illustratrice, j’aime aussi tout particulièrement travailler en collaboration avec d’autres illustrateurs et avoir leur vision sur des projets en cours, je trouve ça très enrichissant.
Y-a-t-il un thème que tu aimerais particulièrement aborder dans tes futures productions ?
L’animation me fascine pas mal ! De mon côté, je fais de l’animation simple, je n’ai pas été formée à cette discipline et je pense que c’est important de le préciser parce que beaucoup de gens pensent que je suis animatrice. J’aimerais beaucoup justement faire des projets avec de vrais animateurs, et pouvoir mêler leurs capacités à ma vision, peut-être à travers un clip où ils m’aideraient à la scénarisation et à l’animation. De manière générale, j’ai une préférence pour les projets collaboratifs, ce sont ceux qui me challengent le plus.
Propos recueillis par Hélène De Montalembert en mars 2021